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7 ème édition de l’UTMB



7 participations…4 abandons dont 3 de suites, les 3 dernières !

Bon d’accord ce marasme pour commencer mon récit va faire croire que je n’ai pas encore digérer cet arrêt. Que nenni. C’est un fait c’est tout. Mais c’est vrai aussi que de l’écrire 2 mois après permet plus de recul et moins d’amertume, car en fait…la vie continue.

Le fait est donc que c’est pas une course facile. Je suis toujours subjugué par les finisseurs qui les finissent toutes. Bon c’est vrai on dit que devant on prend plus de risque, on s’met plus de pression, on veut s’préserver pour la saison, ou même on accepte pas un classement « lambda ». A part la dernière raison, c’est vrai que ça peut jouer sur le fait qu’on abandonne plus souvent. Mais surtout je pense que je n’aime pas souffrir ou faire souffrir mon corps (ou mon esprit). Pour moi le sport c’est pas ça. Certes il faut forcer pour réussir, mais forcer n’est pas souffrir. On pourrait philosopher un jour sur cette nuance mais là n’est point la question. Alors cette course, comment ça s’est passé ?

L’avant course pas tant mal. Une bonne prépa, de bonnes sensations, un stress normal, bref présent sur la ligne de départ, en sachant pourquoi ; restait le comment. Dès la promenade sur l’arve pourtant je sentais que le punch n’était pas là. Pas de panique c’est déjà arrivé, et ça c’est déjà bien passé. Je cours avec Elisabeth Hawker. Je continue devant elle le col de Voza. Juste devant, les jambes cassées, l’énergie absente. Elle va ti pas m’doubler quand même. Et ben si. Je pense que notre championne d’anglaise sera même la seule à courir tout le long de la 1ère grimpette ! Malgré une montée pénible, une descente sans grandes sensations je dois être 7 ou 8 à Saint Ger. Je croise, sur le début de l’aller retour ravito, Dawa qui est avec Killian. Tiens, y sont qu’là ! J’croyais déjà être largué. Dans les champs qui suivent, à l’entame de la remontée vers les Conta je double Elizabeth. Un ou 2 p’tits mots histoire de faire croire que je suis sympa et je continu. Scott est par là ainsi que Pascal, notre bombe réunionnaise, petit mais de la dynamite ! Malheureusement notre visiteur des îles, que je mettais perso grand favori (avec Killian) allait se perdre après Courmayeur et abandonner. Je vais mieux, enfin moins pire. Jonction avec Dawa. Je vois bien qu’il a pas le visage habituel. Je repars devant au Conta, 4ème. Puis cela devient normal et la montée du Bonhomme se passe pas trop mal. Et même je me surprends à descendre sur les Chapieux avec du plaisir et du moral et de la pêche. Revirement de situation, la course m’appartient (toute humilité sauvegardée). Je double Scott à mi descente et on blague pas mal tous les 2. Il est vraiment sympa le ricain. Il s’éclate sur cette course. Il participe à la fête et en contribue, dansant dans les prés et yahou yahou de cow boys sur les ravitos. On s’encourage mutuellement et même si l’un veut croquer l’autre je suis content d’être là avec lui. Je le distance et me retrouve donc 2 aux Chapieux où je retrouve mon beauf et la famille pour une aide qui en plus d’un ravito personnalisé est aussi celle du cœur. Je repars vers l’Italie avec 20’ sur Killian qui a pris la poudre d’escampette. Allant sur Ville des Glaciers c’est pas comme dans les grands jours (en plus il fait maintenant bien nuit) mais je ne désespère pas. A posteriori je peux dire ici que c’est le début de la descente aux enfers, celle dont on ne remonte pas. La Seigne, ça saigne. Enfin pas tant : j’ai l’impression que le sang n’arrive plus aux muscles et peut être même plus au cerveau. Un peu quand même, juste pour me dire ç’est rien ça reviendra. Il fait un brouillard à couper à la tronçonneuse ! Je monte à l’allure d’un randonneur qui a des pieds de cochon à la place de ses gels dans son sac. En parlant de ça reviendra v’là ti pas 3 randonneurs plus vivaces qui surgissent à mes côtés. Pas trop de mots, les gens sont concentrés. Les gens c’est Julien, Pascal et Scott. Sur les 3 là un seul arrivera à bon port. Et sur les 3 il y aura le futur vainqueur du Grand raid. Bravo Julien. Comme quoi ça sert d’écrire tard ses CR ; on peut en rajouter dans le texte. Julien justement : « dis voir Vincent, le chemin, il est à droite ou à gauche ? » Ca faisait 3’ que je m’accrochais avec la force du désespoir à leur basque. J’étais 4ème à 5 mètres et lucide comme un éphémère qui traverse l’autoroute du soleil ! « hein quoi Julien ! Je sais pas moi » (je savais déjà plus où était ma droite de ma gauche perso, alors …celle du chemin). Bon, comme j’était l’homme du terrain je me réveille et analyse le terrain. Bon dessous mes pieds une trace, c’est pas le chemin. A droite, rien, de l’autre côté, rien. Bon ben j’pense que c’est à gauche. Quand je pense que je suis passé là 5 fois cette été et bien plus encore depuis le temps. Hasard c’était à droite. On revient, on repart, on se renforce dans l’erreur. On est perdu. Now je suis totally awake (oui je parle aussi anglais car y a Scott). Je m’assoie sur une touffe devant mes 3 compères. Je décide un flanc droit en diagonale montante légère. Je crie plusieurs fois « ohé le col », enfin on répond ! sauvés. 15’ je pense dans la musette mais franchement content(s) de retrouver le chemin. On retrouve là mon ami Hervé (qui finira 9, chapeau) et le Jap Tsuyoshi. Seb est là aussi. Je prends les devants, connaissant le chemin par cœur ! Oui mais là je suis concentré. On sort du coton vers Elisabetta et là je retombe dans ma torpeur. Les jambes sont ruinées, l’energie repartie et quand même il faut bien le dire la désillusion bien présente. J’ai du mal à descendre sur Combal. Au ravito mes amis et autres bénévoles italiens du stand voit bien mon désarroi et ma mine déconfite. J’en plaisante quand même mais la gorge est nouée. Je regarde le coureur venu de soleil levant qui se change avec l’aide de son assistance, du caméraman. J’ai l’impression d’assister à un change d’un sprint en triathlon. Mais pourquoi s’excite-t-il ainsi. Et bien j’aurais mieux fait de faire pareil car le coco il arrivera 3 à Cham. Bravo.

Pour ma part on me dit : « alors t’abandonne ? » Y a une navette si tu veux. » En fait j’en avais pas l’intention encore ! J’avais tant l’air que ça ? Non, dis-je « je repars » Et me voilà reparti dans un tout autre esprit, celui de terminer. Au bout de 3’ je regrette déjà. Au bout de la plaine (qui est longue en marchant) je m’arête devant le panneau du Mont Favre. Mains sur les genoux, tête vide, le cœur absent à l’ouvrage, le moral dans les chaussettes, je me dis alors : STOP .

La nuit même avant de me retrouver avec Morphée je me dis que le sport c’est fini. Le lendemain au réveil je me dis que l’UTMB c’est fini, et la journée, voyant ces arrivées, ces joies, quelques autres peines…que l’année prochaine je serais de la partie.

Puissiez vous vous aussi en faire partie.

1 commentaire:

Arnaud a dit…

Quelle lucidité dans l'analyse.
Je partage ta vision de l'effort : Le plaisir de la pratique avant tout ... Et la souffrance éventuellement mais dans un second temps !
Pour ma découverte UTMBesque ça a sauté pour moi entre Saint Gervais et les Contamines. Heureusement qu'il y avait d'autres courses !
Je t'espère grande une année sportive 2010 sur l'UTMB et le GRR !!